Histoire du poivre
Le poivre est une épice emblématique, à l’histoire fascinante. On trouve des mentions du poivre dès l’Antiquité, bien qu’il s’agisse alors d’une confusion entre les fruits du poivrier long et le poivre noir (celui que nous utilisons aujourd’hui en cuisine). Le premier, qui poussait sur le bord occidental de l’Inde, était déjà largement répandu dans l’Antiquité, et on en trouve des traces jusqu’en Grèce. Le second fut importé d’Inde directement par les voyages de Vasco de Gama, ce qui permettra au Portugal de concurrencer l’Italie sur le marché européen.
Pour obtenir les assortiments de poivre et les mélanges sur lesquels nous travaillons aujourd’hui, il aura fallu attendre pas moins de 2000 ans.
Acheter du poivre : un marqueur social
L’achat de poivre fut longtemps considéré comme un marqueur social important, particulièrement en Europe où son prix était très élevé. En effet, devant transiter depuis l’Inde jusqu’à l’Italie par le biais des caravanes arabes, l’épice parcourait un très long trajet avant d’être vendu sur les marchés. En conséquence, le prix très élevé du poivre le réservait à une consommation par les plus hautes couches de la société, devenant rapidement un marqueur social. Notons d’ailleurs que l’origine de l’expression “paiement en espèce” date de cette époque, espèce étant une déformation de “épices”, comme l’expression “cher comme poivre” d’ailleurs.
Une anecdote célèbre illustre à merveille l’importance du poivre à cette époque. En 1101, les croisés s’emparent de la ville de Césarée, et sont alors récompensés par un don de un kilo de poivre. Ce qui peut nous paraître dérisoire aujourd’hui représentait alors un véritable trésor.
La fin du Moyen âge et l’avènement d’une nouvelle route maritime directe avec les Indes va permettre de modifier progressivement le statut du poivre au sein des sociétés européennes. L’ouverture de cette fameuse “Route des épices” fait l’objet de nombreuses études historiques passionnantes.
Le poivre devient un produit de consommation
Sur l’ensemble du XVI siècle, certains historiens affirment que les vaisseaux portuguais convoyaient en moyenne près de 2000 tonnes de poivre par an.
La concurrence terrible que se livrent les italiens et les portugais ne va cesser qu’au XVIIème siècle, avec l’entrée en scène des néerlandais.
Ceux-ci vont rapidement devenir l’acteur majeur de l’importation des épices depuis l’orient, avec, un peu après, l’Angleterre. L’augmentation des capacités navales et la fréquence des échanges vont continuer de s’intensifier par la suite, permettant enfin au poivre de devenir un produit de consommation plus courant. Le poivre deviendra rapidement un élément gastronomique essentiel pour de nombreux territoires européens.
Certaines localités (notamment Java et Sumatra) produisaient également du poivre qui n’était pas disponible en Europe. La consommation locale ou les exportations vers la Chine drainent alors la majorité de la production.
La mondialisation et les nouvelles techniques de production ont permis au poivre de devenir un condiment majeur à l’échelle de la planète, avec aujourd’hui environ 280 000 tonnes produites tous les ans de par le monde. L’utilisation du poivre va fortement se diversifier à partir du XXème siècle.
Les vrais et les faux poivres
Aujourd’hui en France, seuls les poivres issus du poivrier noir peuvent être commercialisés sous le nom de “Poivres”, les fruits du poivrier long ou des plantes proches sont catégorisés comme des “faux-poivres”.
Cette distinction n’est pas toujours bien connue du grand public cependant, qui utilise souvent des noms d’usage plus répandus. On peut ainsi observer, par exemple :
Le poivre de Cayenne, qui est fabriqué via un piment moulu (originaire de la ville éponyme).
Le poivre de Bourbon (originaire de la Réunion) qui est en fait un poivre issus des baies roses
Les célèbres “5 baies” qui sont, comme leur nom l’indique, un mélange de faux poivres
Les variations gustatives permises par cet ensemble d’épices sont très larges, et se trouvent incorporées dans un large nombre de plats traditionnels ou plus modernes.
Quelques données récentes sur le prix du poivre et l’importation en France
Une hausse de la consommation qui n’a pas été sans conséquence budgétaire au vu de la flambée mondiale des prix du poivre à la fin de l’année 2021. Ainsi, le cours du poivre noir vietnamien a atteint un record en octobre 2021, avec des tendances similaires pour les autres pays producteurs principaux comme l’Inde et le Brésil, pour s’élever à un prix de 4 390 dollars par tonne. Mais comment expliquer ce phénomène ? Impact climatique, flambée des coûts du fret maritime, explosion des tarifs énergétiques, et la tristement célèbre crise de la Covid-19, les facteurs sont multiples pour expliquer cette hausse tarifaire. L’année 2022 marque cependant un retour à des prix du poivre plus classiques, poussé par une sortie progressive de la situation de pandémie mondiale paralysant les marchés, mais aussi par l’acquisition de parts de marché plus significatives pour d’autres acteurs, particulièrement le Brésil et l’Indonésie, par rapport au leader vietnamien, faisant jouer une plus grande concurrence.
En ce qui concerne les Épices Roellinger, nos partenariats avec les producteurs ne dépendent pas des prix du marché. Les prix auxquels nous achetons les poivres sont bien supérieurs à ceux de la bourse du poivre. Nous ne discutons pas le prix demandé par le producteur car nous souhaitons obtenir la meilleure des qualités possibles pour le poivre ,et que l’activité soit bénéficiaire pour le producteur.
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